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À ma gauche, un (presque) infini de flat limpide, calme comme une eau de baignoire. À ma droite, la même étendue de vagues toniques et moussues. Au centre, à la frontière entre l'agitation et la quiétude, un banc de sable d'à peine quelques mètres de large, parfois noyé sous cinq centimètres d'eau. Vous êtes à Sète, vous êtes au Pont-Levis, vous êtes sur l'un des plus beaux spots du sud.
Peu de spots offrent, avec une telle proximité et une telle facilité de commutation, ces deux options en toute sécurité. Naviguer sur l'étang de Thau provoque, encore plus qu'ailleurs, une réelle sensation d'euphorie. Mais c'est l'après-midi qu'il devient véritablement magique, sur le coup des 15h, quand le soleil a déjà bien commencé sa descente à l'ouest. Il transforme alors la zone de flat en lac d'argent, la zone de vagues en une lande turquoise zébrée d'écumes blanches. Et si vous crantez fort en tirant sur la barre comme il convient, alors vous verrez la grande bleue, magnifique, toute proche.
On aime aimer. On aime dire qu'on aime. Il est souvent difficile de ne pas exagérer en convoquant tous les superlatifs que la langue nous prête. L'écueil est d'en faire trop, et ce faisant, d'épuiser la substance même des mots, les assécher, les rendre aux autres locuteurs exsangues et décharnés. Mais là, ça ne compte pas. L'étang de Thau est réellement un spot de kitesurf exceptionnel, pour ses dimensions, pour sa diversité, pour son décor, pour sa proximité d'avec la mer, pour ses couleurs, pour sa lumière, pour son vent, pour cette zone de flat immense où l'on a pied d'un bord l'autre, pour ses eaux vivantes et ses vagues comme autant de rampes de lancement… Rassurez-vous, il a tout de même quelques défauts, mais qui participent aussi à leur manière, à préserver certaines de ses qualités.
Thau, ça se gagne
Il y a 3 accès communs à l'étang : Pont-Levis, côté Sète, et Maldormir, côté Marseillan, par nord. Par sud, Mèze (beaucoup moins intéressant). Maldormir étant souvent sous le coup d'interdictions ou zone de conflits avec les riverains (avec très peu de possibilités de parking), on peut dire que l'accès kite le plus évident pour Thau c'est Pont-Levis.
Ce dernier dispose d'un grand parking gratuit au bord de l'eau. C'est un peu là que le bât blesse… Il est strictement interdit de gréer et de décoller du parking. Matos sur le dos, on doit emprunter une petite digue interrompue par un passage aménagé pour les bateaux. Après 50 mètres, on descend de la digue (à sa gauche) et on emprunte un chemin sous-marin en arc de cercle pour rejoindre la seconde partie de la digue (mais il est plus agréable de continuer directement dans l'eau) pour rejoindre l'aire de gréage. Il faut compter au minimum 15mn de marche, face au vent (parfois fort et rafaleux). Mieux vaut ne rien oublier dans la voiture. On grée sur un tout petit banc de sable (que l'on nomme «toc*») qui affleure au-dessus de l'eau, «grand» comme un court de tennis… ou de squash (selon les conditions). Inutile de dire qu'il est vite encombré et que tirer ses lignes au milieu d'un fatras d'ailes n'est pas une sinécure quand le mistral ou la tramontane s'en donnent à cœur joie. En réalité, le toc fait toute la longueur de l'étang (environ 12 km), en discontinu, entre le Pont-Levis à Sète et Marseillan.
Si vous allez naviguer au Pont-Levis il est recommandé de lire aussi cet article
Dès l'aile levée, libérée de l'écheveau des lignes qui trainent au sol, la féérie opère. Thau s'offre à vous avec tous ses délices. Et comme la plus belle des roses a ses piquants, Thau a ses oursins et ses anémones urticantes. Il n'y en a pas partout mais il est inutile de tenter la malchance. Le port des chaussons est vivement conseillé. Mieux vaut aussi se garder de trainer dans les algues sans protection (et éviter de naviguer en maillot comme cette demoiselle que j'y ai croisé un jour, avec ses jolies fesses rebondies toutes boursouflées et marbrées de rouge – ça doit la démanger encore…).
Très souvent submergé par quelques centimètres d'eau, le toc se transforme, de loin en loin, en une myriade de petits ilets où il est agréable de demeurer un moment, seul, aile posée sur l'eau calme. Pour peu que l'on s'éloigne de quelques centaines de mètres de la base de départ, tout cet espace baigné d'une lumière extraordinaire s'offre à vous. Si aux saisons froides les pauses se font en plein vent et incitent à rentrer au chaud, l'été, on ne quitte ce spot qu'épuisé. Épuisé de s'être repu jusqu'aux dernières extrémités de ce festin de vent, de lumière et de bonheur liquide. Et enfin, pour les contemplatifs amateurs d'huitres, une halte à Bouzigues face au soleil couchant finira de graver les images et les saveurs qui éclaireront longtemps leur mémoire.
Écoles sur place
Fil d'Air
Magic Bruce
Triderland
Webcam & vent
Orientations idéales: N/ NO
Sur le site de Magic Bruce
Utile : conditions de vent (à peu près) en temps réel
Carte des spots du Sud-Est de la France
Où naviguer autour : carte interactive des spots du Sud-Est et un petit Quiz amusant pour vérifier vos connaissances.
*Merci à Sylvain Maurin pour son aide sur la recherche de la bonne orthographe de «toc».
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