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Investis ou abstiens-toi, la devise du kitesurf ?

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whenwherekite - Le blog

Investis ou abstiens-toi, la devise du kitesurf ?

par Carving le 07.06.2019 - temps de lecture estimé: 4mn

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La qualité première dont doit disposer un kiteur débutant est... la disponibilité. Le débutant a un cap primordial à franchir : passer de l'état de novice à celui de "débrouillé". Et il n'acquiert ce statut de "débrouillé" qu'une fois qu’il est capable de... gréer son aile sereinement, lever son aile sereinement, aller à l’eau sereinement, naviguer sereinement, poser son aile sereinement. Ou pour le dire autrement, il peut se considérer débrouillé une fois que le nœud qu’il a à l’estomac s'est dénoué pour laisser passer l’énergie positive du feu de sa passion naissante.

Pour passer cette étape, il n’y a pas d’autres choix que d’aller à l’eau le plus souvent possible pour se confronter à un maximum de situations et acquérir l’expérience nécessaire afin de se sentir en sécurité (dans des conditions “normales”, c’est-à-dire, en phase avec son niveau). Le kitesurf, sport au demeurant très accessible tant qu'il s'agit de tirer un bord ou deux, demande cependant un réel investissement personnel pour sortir de l’étape initiatique et entrer dans la peau d’un pratiquant. Si ce qui précède peut paraître un peu exagéré au chanceux qui habite près d'un rivage, le paradigme s'avère différent pour celui qui doit faire deux ou trois heures de route pour accéder à l’eau.

Mon pote Hervé me parlait souvent de son désir de kitesurf. L’été dernier il a franchi le pas. Il a fait son stage et tout s’est bien passé. Hélas, ça s’est arrêté là. Le job, la famille, les contraintes, l’éloignement de la mer ou d’un plan d’eau sécure, tout ce qui peut faire obstacle à son apprentissage a joué contre lui. Dès qu’il en a eu l’opportunité, il s’est fait une piqure de rappel ou deux en reprenant quelques heures de coaching pour essayer de progresser en toute sécurité mais ce fut trop insuffisant. Alors, quand tantôt il m’envoie un SMS pour me dire qu’il envisage de faire un "bond en kite", je comprends qu’il s’est décidé à s'investir et désire quelques conseils sur la marche à suivre. Mais lorsque que l’ai au téléphone, il me chante une toute autre chanson. Alors que je lui conseille d’acheter du matériel et de se rapprocher de notre groupe, il fait un pas de côté. Sa stratégie est à l’inverse. Il n’achètera son matos que lorsqu’il se sentira suffisamment prêt, et sera donc pleinement convaincu que "tout ça" mérite un investissement financier d’abord, puis le temps à y consacrer, ensuite. Il pense qu’en se donnant du temps long, et en continuant de pratiquer par toutes petites touches, il parviendra à atteindre un niveau suffisant pour trouver son chemin vers la confiance. Erreur !

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En l’écoutant, je ne peux m’empêcher de penser à l’anecdote qui s’est produite la veille. Je suis à Fos-Sur-Mer. Il est autour de 17h. Je suis en train de dégréer quand un gars vient me solliciter pour un conseil. Il a acheté une aile d’occasion et me demande de vérifier les bridages et la barre. Arrivé à proximité de son l’aile, je souris en me disant que j'ai probablement à faire à un débutant : il a gréé par l’avant en faisant passer ses lignes largement autour de sa 7m. Mais tout est ok. Le vent est bien tombé. Il y a un petit 20 nœuds. Il me demande ensuite de le décoller. C’est là que le carnaval a commencé...

- sous mes yeux stupéfaits, il se hooke, tranquille, pleine fenêtre.
- je le rejoins immédiatement et lui propose de lui démontrer les vertus de "la méthode Ancelin" (connecter le leash d’aile, se positionner en bord de fenêtre en tenant le border/choquer, vérifier ses lignes avant de se hooker).
- tout est bien... il me fait signe de lâcher... sauf que... l’aile a un comportement bizarre... il tire sur la barre mais elle ne veut pas décoller... il me faut 3/4 secondes pour comprendre qu’il ne tire pas du bon côté... à cet instant, je commence à m’interroger...
- finalement il se rend compte de son erreur et son aile décolle... mais c’est la panique... ses mains sont écartées aux extrémités de la barre, il tire dessus à hue et à dia, l’aile passe d’un bord à l’autre... et finit par se crasher. Un type court la récupérer pendant que je suis déjà en train de me précipiter sur le pilote.
- je lui gueule de lâcher la barre et la prend en main. Le vent n’est pas fort. Il n’y a pas de danger immédiat. Sous le vent, il y a de l’espace. Je lui lève son aile à 10h... lui dit de se calmer... essaie de le déstresser en lui montrant qu’en manipulant l’aile doucement tout se passe bien dans ces conditions de vent. Puis j’ajoute :

- "Tu viens de sortir de stage. T'es vraiment tout débutant. Tu aurais dû me le dire..."

- "Mais pas du tout, ça fait dix ans que je fais du kite, dans le Nord !..."

Puis il ajoute...

- "Bon, je vais commencer par un peu de nage tractée pour me familiariser avec cette aile..."

Et là, les yeux en ronds de flan, je le regarde partir à reculons aller faire de la nage tractée en plein milieu du spot, là où tous les locaux envoient des sauts ou font du freestyle en surfkite à 5m du bord. J’avoue, je n'ai pas réagi, je suis resté bouche bée, planté les deux pieds dans le sable.

Revenu à ma voiture pour me changer, je levais de temps en temps les yeux au ciel pour voir si son aile était toujours en l’air. C’était le cas. Ce gars devait être bénit par quelque chose de bienveillant...

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Les rézosocios sont couverts de belles images de naïades à demi-nues, tout string et sourire tendus, qui glissent sur l'onde calme et cristalline au-dessus de fonds blancs, à l'ombre de leur 12m. Les images sont belles et font envie (et pour les naïades, et pour les spots) et sont autant de belles publicités pour notre sport mais, ces cartes postales des antipodes sont assez éloignées de la réalité du kitor-metropolus-simplex. Pour exemple, le quiver de mon entourage se limite à une 7 et une 9. On ne descend kiter que lorsque la carte météo d'Évelyne Dhéliat affiche de grosses flèches avec 70 ou 80 inscrit à côté. L'idée c'est qu'on ne veut pas faire le voyage (à la journée) pour rien. Et moins glamour que le string ou le mini-short, c'est plus souvent combarde ou overknee. On a plutôt dû apprendre et progresser dans ce genre de conditions. Ça ne fait pas de nous des gros durs super forts (dans l'ensemble le niveau du groupe est plutôt moyen) mais on est aguerris.

Et pour s'aguerrir, il faut s'en prendre des paquets de mer sur la tête. Et il faut en faire des spots, des longs, des courts, des encombrés, des avec shore break, des on, des side, des side-on... et tout le reste de la panoplie.

C'est pourquoi je crois assez peu à la méthode douce dans le contexte que je décris. Je ne crois pas qu'il soit possible d'éviter d'en bouffer. Je ne crois pas qu'on puisse, sans dommage, rester un occasionnel. En synthèse, je ne crois pas pensable de faire l'économie de l'investissement personnel.

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