La qualité première dont doit disposer un kiteur débutant est... la disponibilité. Le débutant a un cap primordial à franchir : passer de l'état de novice à celui de "débrouillé". Et il n'acquiert ce statut de "débrouillé" qu'une fois qu’il est capable de... gréer son aile sereinement, lever son aile sereinement, aller à l’eau sereinement, naviguer sereinement, poser son aile sereinement. Ou pour le dire autrement, il peut se considérer débrouillé une fois que le nœud qu’il a à l’estomac s'est dénoué pour laisser passer l’énergie positive du feu de sa passion naissante.
Pour passer cette étape, il n’y a pas d’autres choix que d’aller à l’eau le plus souvent possible pour se confronter à un maximum de situations et acquérir l’expérience nécessaire afin de se sentir en sécurité (dans des conditions “normales”, c’est-à-dire, en phase avec son niveau). Le kitesurf, sport au demeurant très accessible tant qu'il s'agit de tirer un bord ou deux, demande cependant un réel investissement personnel pour sortir de l’étape initiatique et entrer dans la peau d’un pratiquant. Si ce qui précède peut paraître un peu exagéré au chanceux qui habite près d'un rivage, le paradigme s'avère différent pour celui qui doit faire deux ou trois heures de route pour accéder à l’eau.
Mon pote Hervé me parlait souvent de son désir de kitesurf. L’été dernier il a franchi le pas. Il a fait son stage et tout s’est bien passé. Hélas, ça s’est arrêté là. Le job, la famille, les contraintes, l’éloignement de la mer ou d’un plan d’eau sécure, tout ce qui peut faire obstacle à son apprentissage a joué contre lui. Dès qu’il en a eu l’opportunité, il s’est fait une piqure de rappel ou deux en reprenant quelques heures de coaching pour essayer de progresser en toute sécurité mais ce fut trop insuffisant. Alors, quand tantôt il m’envoie un SMS pour me dire qu’il envisage de faire un "bond en kite", je comprends qu’il s’est décidé à s'investir et désire quelques conseils sur la marche à suivre. Mais lorsque que l’ai au téléphone, il me chante une toute autre chanson. Alors que je lui conseille d’acheter du matériel et de se rapprocher de notre groupe, il fait un pas de côté. Sa stratégie est à l’inverse. Il n’achètera son matos que lorsqu’il se sentira suffisamment prêt, et sera donc pleinement convaincu que "tout ça" mérite un investissement financier d’abord, puis le temps à y consacrer, ensuite. Il pense qu’en se donnant du temps long, et en continuant de pratiquer par toutes petites touches, il parviendra à atteindre un niveau suffisant pour trouver son chemin vers la confiance. Erreur !
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