« L'aile s'est arrêtée. Elle a semblé hésiter un instant... s'est mise à vaciller comme un animal stoppé dans son élan par un coup mortel. J'ai compris ce qui allait arriver. J'ai choqué la barre à fond et j'ai tout lâché. J'ai vu les lignes se détendre et la 7m s'est mise à dégringoler lentement de son altitude. J'attendais, intranquille, me préparant à l'inévitable tir d'obus qui ne manquerait pas de donner le signal de l'assaut. C'est exactement ce qui s'est produit avec une violence inouïe. J'ai juste eu le temps de tirer sur un arrière pour éviter le crash de l'aile et elle est repartie comme une balle de fusil. J'ai rebondi deux fois sur l'eau avec le twintip aux pieds avant de reprendre le contrôle ».
C'était mon premier rendez-vous avec le Levante ; c'était à peine dix minutes après ma mise à l'eau ; c'était au cœur de cet épisode un peu inhabituel (m'a-t-on dit) de cette fin mars 2019 ; c'était mon premier jour à Tarifa ; c'était - faut-il m'en convaincre ? - une salve de bienvenue au pays furieux du vent fou. J'étais entré dans l'arène et ce n'était pas moi le torero.
J'ai demandé un peu autour de moi si ces 0/ 40 nœuds étaient la coutume locale ? On m'a d'abord assuré que non mais en ajoutant qu'en mars, le vent pouvait se révéler un poil plus taquin. En quelque sorte, il s'aiguiserait la pointe des cornes avant son entrée sur la scène estivale. Et puis, il y a des zones plus propices à la navigation que d'autres. Quand vous êtes en face de l'hôtel, sur une plage superbe, avec un pote comme seuls représentants de l'humanité, un moment d'euphorie vous fait parfois commettre l'erreur de confondre un champ de mines avec le paradis.
Levante et PonienteIl y a deux vents dominants, side/ side off : le Levante (venant de l'Est) assurément le plus dingue des deux et le Poniente (venant de l'Ouest) réputé plus cool mais générant plus de houle. Quant à la répartition du temps d'expression entre ces deux caïds, il n'y a pas vraiment de règle. Il y a des années à dominante Levante, d'autres plus Poniente... Pour résumer, quelle que soit la saison, vous n'aurez jamais à faire à de gentils alizés mais à deux sbires musclés et rafaleux dont l'objectif affiché est de vous botter le cul. Tenez-vous le pour dit.
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