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L'écume du kite

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whenwherekite - Le blog

L'écume du kite

par Lucile, Didier et Logan le 13.05.2020 - temps de lecture estimé: 8mn

Lucile

whenwherekite

Lucile Arnaud, professeur des écoles, membre du bureau de l'association Be Good'n'Ride (pays Bigouden), Kite depuis 2013 (uniquement surf strapless)

La première sensation en début de confinement fut celle du bien-être, du retour à l'essentiel.
Je me suis dit que c'était pas si mal, que je pouvais enfin prendre le temps de lire, faire du yoga, écouter de la musique, cuisiner (si ce n'est apprendre à cuisiner !)... Au bout de quelques jours, j'ai déjà nettoyé dix fois la cuisine, passé l'aspirateur quinze fois, trié les veilles photos, mis de l'ordre dans les papiers, fait le tour du quartier cinquante fois, trinqué tous les trois jours en apéroskype...

L'impression de bien-être fait place à l'anxiété.
Mon esprit est vite rattrapé par l'angoisse, les manques... Et le sentiment d'être un lion en cage. Le yoga me fait du bien, mais ne remplace pas le kite, l'adrénaline, le fun, l'embrun, les sensations de l'air qui fouette le visage, l'eau froide qui se faufile sous la combinaison, le sable sur les pieds puis dans la voiture... Sans oublier les conversations au cours desquelles chacun refait sa session, accompagnées parfois d'une petite bière calée dans la glacière...

Tout s'accélère alors...
Je ne parviens plus à différencier le vrai du faux, la réalité de la fiction, l'honnêteté des mensonges. La nécessité de se confiner se convertit alors en privation de nos libertés... L'anxiété fait place à la colère. L'envie de retourner à l'eau devient pressante. Les informations en boucle accélèrent le besoin de rupture, de s'échapper, d'oublier... Je suis en colère de ne pas pouvoir faire le plein d'énergie en allant à l'eau. Je suis en colère de ne pas pouvoir marcher le long de la mer, alors que j'y habite et que nos plages sont désertes. Je pense aussi à tous ceux qui sont privés de cet espace nécessaire à leur équilibre, ainsi qu'à tous ceux qui travaillent autour de cet élément et qui en ont besoin pour gagner leur vie.

Puis j'entre dans une troisième étape, celle où je réalise que ce besoin est si futile, si égoïste. J'ai la (mauvaise) idée de regarder les 25 épisodes d'« Apocalypse, la guerre des mondes » qui retrace les grands conflits du siècle dernier. Ces scènes d'horreur et tous ces départs sans retours... La colère fait alors place à la prise de recul. L'envie de retourner à l'eau est bien là, mais n'est pas vitale. Je me battrai pour retrouver l'accès aux plages, mais, contrairement à eux, je n'y perdrai pas la vie.

Aujourd'hui, dimanche 10 mai, j'espère atteindre le bout de ce voyage intérieur, je ne sais pas de quoi sera fait le monde de demain. Je souhaite une prise de conscience collective et davantage d'actes responsables afin que chacun puisse jouir de sa liberté sans détruire ce qui nous entoure... Je me languis de retrouver la mer et mon kite afin de rendre réel et palpable, jusqu'aux bouts des ongles, ce sentiment de liberté.

« Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » L'homme et la mer - Charles Baudelaire.

Didier Meliani dit dieztreize

whenwherekite

11 mai 2020.
Nous y voilà, en ce jour de déconfinement tant attendu. Mot tellement récent que mon correcteur d’orthographe ne le connait pas... Notre pays navigue à vue tout comme cette procédure de déconfinement qui ne concerne malheureusement pas les activités de plage... donc pas notre sport le kitesurf. Alors que jusqu’à présent le pouvoir dictait la marche à suivre de manière totalement centralisée (totalitaire), il se trouve que pour les plages le gouvernement refile la patate chaude aux préfets de région (qui, je le rappelle, sont des postes non élus à la solde du gouvernement) pour faire du cas par cas. Préfet qui avisera sous conditions de demandes étayées, argumentées, encadrées, des maires. Évidement chaque maire se démène, depuis des jours, pour constituer et transmettre ledit dossier... l’électorat marin pour les villes côtières étant primordial, vous l’aurez compris... ainsi si le refus arrive ce sera la faute... d’un préfet et non d’un maire ou d’un gouvernement élu. Voilà pour le tour de passe-passe politique.

De ce fait, point inquiétant : imaginez des ouvertures disparates, éparses, non simultanées de plages... on devine alors l’attroupement et la concentration inévitable vers le peu de lieux autorisés. Et ensuite, la leçon arriver comme quoi, nous, français, serions des bons à rien indisciplinés... Et hop ! hop ! hop ! re-fermeture des plages. Ainsi la France deviendrait alors le paradis du Medef, un lieu où la société de loisir n’existe plus et où vous n’êtes bon qu’à aller travailler encore et encore... seul lieu ou vous pouvez aller vous faire contaminer gaiement et allègrement.

Alors ces dossiers kite parlons-en... certaines associations Kite - partant d’une bonne intention, celle de se vendre du mieux possible et d’être irréprochables - ont parfois imaginé toutes sortes de solutions : des roulements, des voies de passages terrestre, des sens de circulation. Mais je pose ces questions : « pourquoi aller au-delà des recommandations sanitaires actuelles ? pourquoi se contraindre davantage ? » Notre activité se pratique à l’extérieur, qui plus est par jour de vent. Hormis le marseillais qui kite 15 min puis parle 1h... puis recommence... en réitérant au moins trois fois, les autres passent 95% de leur temps sur l’eau. La distanciation en phase de gonflage dégonflage est déjà présente. En gros le risque de contamination est inexistant. Donc, en toute logique, notre dossier ne devrait être ni plus ni moins qu’un dossier de kite avec ses règles de zone et ses protocoles habituels. Ne nous contraignons pas davantage, ce n’est pas nécessaire. Mettons simplement en avant les arguments naturels liés à notre activité ainsi que les règles habituelles et spécifiques à nos spots.

Certains commencent à entrevoir les délais... la politique... les coups de Trafalgar maires/ préfets, et donc veulent profiter de ce qui est déjà permis par le déconfinement, à savoir : la navigation au-delà de la bande des 300 mètres. Les écoles ayant des bateaux proposent depuis peu de commencer des déposes en mer moyennant un forfait de 40€. L’idée de prime abord est juste géniale, nous aurions donc la possibilité en toute légalité de nous adonner à notre passion. Et quoi de plus beau, après deux mois enfermé, sans sport et sans air marin ?

Seulement si on projette cette idée j’y vois un danger latent : Imaginez dès cette semaine, les maires s'aperçoivent que des rideurs peuvent kiffer leur sport avec cette solution, et le préfet aussi, alors pourquoi prendre le risque de mettre un revers au gouvernement pour cette petite communauté si, au final ils arrivent à se débrouiller ? Je vois mal un préfet risquer sa carrière alors que certains s’en sortent avec cette solution.Plus inquiétant encore: imaginez certains maires, d’Hyères, de Marseille ou d’autres villes... Imaginez que ces politiques assez éloignés de la réalité se disent : « mais au fait les kitesurfeurs ont trouvé la bonne idée ! Du coup, ils naviguent au-delà des 300m, on n’est plus gêné, plus de risque d’accidents, en plus ça crée de l’emploi local, une place importante de plage se libère pour les estivants, touristes, marcheurs. De même, un surcroît de tranquillité pour la faune et la flore de certaines communes avec des nidations. Imaginez qu’ils se disent que, puisque cette solution est possible, alors le kite ne serait plus que autorisé que par ce biais : la dépose en mer !

Nous perdrions alors toute liberté de faire du kite quand bon nous semble, nous devrions prendre rendez-vous pour aller nous adonner à notre plaisir. De plus, nous devrions payer pour faire notre sport, il y aurait des listes d’attentes pour naviguer les belles journées ensoleillées ventées, et des locaux seraient prioritaires sur les autres... sans parler du copinage. Bref tout ce que l’humain sait faire de pire.
Alors voilà donc une idée qui, quand elle est énoncée semble géniale. Mais quand on se projette attention danger ! Parfois on ne sait pas quel engrenage on active. Alors restons méfiants et vigilants.

Dernière chose : la communauté des usager des plages est plurielle et cette idée pourrait désunir les kiteux entre eux : ceux qui font du kite « légal » en pointant du doigt ceux qui en font en mode « illégal », menaçant les activités, et puis aussi affaiblir le poids du tous unis, marcheurs, nageurs, bronzeurs, plongeurs, matteurs (?), etc.
Ce n’est que mon avis, mais je pense qu’il faut tous se rendre à la plage et ne pas accepter de demi-mesures. N’acceptons pas la dictature sécuritaire, la dictature sanitaire. Dans le cas des plages, elle n’a aucun argument face aux squares, rues et métro parisiens, face aux forêts et aux montagnes.

Logan

whenwherekite

Alors que j'écris ces mots, le confinement vient de se terminer. Cela fait quelques heures que je suis un dé-confiné économique... quoique... Je suis encore un confiné océanique, "kitesurfique"... un prisonnier du plaisir de la glisse, du vol, de cette dose d'adrénaline qui explose quand je vois ce kicker parfait arriver, un camé en manque de cette endorphine quand la session est terminée...
Comment vous décrire ce que j'ai pu ressentir pendant cette période? Peut-être en vous expliquant très succinctement qui je suis et comment ce confinement a commencé pour moi.

Commençons...
J'ai 40 piges, je suis restaurateur et kiteux. Je navigue dès qu'il y a du vent, pendant mes coupures l'après-midi, avant d'aller au turbin le matin, le dimanche quand madame veut bien. J'ai commencé en 2014 et depuis le début c'est une vraie drogue. Ma pratique se limite à sauter le plus haut possible et naviguer quand ça tabasse. Je n’excelle pas dans le big air mais je prends mon pied, c'est ça le principal. La recherche incessante du moment présent, du meilleur moyen de prendre mon shoot d'adrénaline et d'endorphine est devenue viscérale chez moi. Je suis passionné et tout le temps en train de guetter le vent, checker les modèles météo.

Samedi 14 marsÇa fait plusieurs semaines que le covid circule et plusieurs jours que mon équipe flippe de le chopper. On se dit qu'il faudrait fermer, que ça serait mieux pour notre sécurité, celle de nos gamins, de nos proches et puis pour celle de nos clients. Mais on n'y croit pas, on ne veut pas vraiment. Ce genre de truc ça n'arrive qu'aux autres. On lit, on voit, on entend que les italiens sont dans la merde, que les chinois ont fait n'importe quoi et que les espagnols ne sont pas mieux. Pendant cette fameuse soirée, un client habitué débarque vers 20h30 pour venir chercher ses plats à emporter :
- « Bonsoir, on est content que vous soyez encore ouvert, le premier ministre vient d'annoncer la fermeture des restaurants. » dit-il en me serrant la main.
- « Bonsoir monsieur, c'est une plaisanterie je suppose !?? » demandais-je avec un sourire commerciale totalement raté.
- « Pas du tout. Il y a eu une intervention télévisé du premier ministre vers 20h », répondit-il.
Oh putain !... Je lâche le client, je cours dans mon bureau, checke les mails en même temps que les réseaux sociaux. Rien... Et puis, notre cuisinière débarque à la porte, le regard un peu affolé et me dit :
- « Regarde ça, c'est pas des conneries, ils ont vraiment demandé la fermeture ! » en montrant sur son téléphone une vidéo de cette fameuse annonce... c'était vrai... nom de dieu !
Ce que j'ai ressenti en regardant ? C'est comme une boite en kite: c'est violent, c'est soudain et ça ne fait pas du bien...Les mails arrivent quelques minutes plus tard, les coups de fils de la DG, les questions du staff, les miennes. Et puis le seul truc cool : les mots gentils des clients nous souhaitant bon courage.

Dimanche 15 marsTout s'enchaine, ce dimanche venteux je voulais nav... mais il faut que je ferme mon resto... Je suis doublement énervé : Je dois bosser et je ne peux pas naviguer. Le lundi, le mardi et le mercredi se suivent : dans la paperasse, le ménage, les mails, les coups de fil... et les procédures...

Jeudi 19 marsVoilà, je suis confiné... restaurant fermé. Matos de kite rangé... plus qu'à attendre.

Samedi 25 avrilMon jardin est fait, ma maison aussi... mon matos est prêt. Je suis comme un lion en cage : il a du vent... du vent, du vent encore du vent... tous les jours du vent. Je suis soulé.

Dimanche 10 maiComme une impression de délivrance, dernier jour de confinement, mais non... ça fait plusieurs jours que les réseaux sociaux s'insurgent contre la fermeture des plages et la "réouverture de notre devoir de bosser". Pendant ce confinement, un pote kiteux qui note tout (le vent, sa force, son orientation et quand il nav la taille de son aile, quel support il a utilisé et son avis sur le plan d'eau) me dit que tous les jours on aurait pu kiter. Tous les jours au moins 11 nœuds pendant 1h... Et oui, tous les jours j'ai regardé la météo... tous les jours, j'ai vu que je pouvais nav... Et tous les jours je me suis dit que je devais respecter ce fichu confinement... Mais là, c'en est trop ! Il faut que je nav. Demain 35nds de prévu bordel ! Toute la semaine du zeph ! La Premar Manche donne son feu vert mais pas la préfecture... on marche sur la tête !On redonne le droit de consommer et de s’agglutiner dans les transports en commun, dans les magasins... la plage, dont je me contrefous - soit en dit en passant - parce que je n'y étale que mon aile, la gonfle et la décolle, on l'interdit. Même comme lieu de passage... délirant !...

Mardi 12 avrilIl y a du vent... encore du vent... hier ça tabassait... une déprime me gagne, celle du toxico qui s'est habitué au manque. Celle de ce confiné qui, en fait, n'est pas libéré. Celle du mec qui sait qu'il va se taper une amende de 135€ totalement injuste. J'ai envie de sentir le vent, la glisse, mon aile me tracter, toute la puissance des éléments se charger dans les lignes avant de libérer et voler.

On est soit disant dé-confiné... mais pas libéré.

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