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Note à l'usage des apprentis rédacteurs de blog

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whenwherekite - Le blog

Note à l'usage des apprentis rédacteurs de blog

par Carving le 28.06.2019 - temps de lecture estimé: 13mn

whenwherekite

À Nicolas,

Avertissement : tout ce qui est dit dans ce qui suit est faux ou à proscrire. Il faudra faire exactement l'inverse si vous souhaitez faire carrière mais, j'y reviendrai en détail. Cette introduction est une issue de secours pour tous ceux que le sujet n'intéresse pas. Idem pour les néo-sociologues à crinière bleue et autres punks à chien de la doctrine genrée, ça va vous énerver et vous n'allez pas digérer votre tofu.

En revanche, aux curieux qui disposent d'un peu de temps, je promets quelques tranches de rigolades planquées au milieu de tout ce galimatias.

Il y a trois principes à respecter quand on se pique d'écrire et de publier. En voici un résumé.

1. La sincérité

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Je n'ai pas fait d'école d'art et encore moins suivi de cours d'écriture. C'est donc sur la foi de ma seule expérience que je postule : quand vous vous adressez à un public, si vous êtes insincère vous allez faire de la merde. Sincérité qui n'exclut pas la réflexion, la documentation et la traque de ses propres contradictions (un poil de culture est un plus). Il n’est pas question non plus de déverser son trop plein d'âme en public. Il faut dire le réel et soigner un peu le style, voilà tout. Posez votre subjectivité sur l'écritoire, analysez-là, critiquez-là, reformulez-là... et recommencez jusqu'à ce que ça vous paraisse juste. Personne n'attend de vous une vérité transcendante, sinon vous ne seriez pas en train de vous claquer les neurones devant un clavier, mais plutôt cloué les bras en croix sur un crucifix. À tout prendre, vous tenez la meilleure place.

En synthèse, vous exprimez une opinion dont vous n'avez pas à rougir parce qu'elle a été, au préalable, réfléchie et argumentée. Au passage, poser ses mots est un moment de doute et d'introspection. C'est donc du travail. Un travail parfois délicat, parfois difficile, parfois fastidieux. Méfiez-vous de la facilité. C'est une traitresse. Si par bonheur les mots se mettent à jaillir, on a vite fait de se prendre pour Flaubert. Hélas, vous avez plus de chances de gagner au Loto que l'auteur de Salammbô et de Madame Bovary de se réincarner dans votre petite personne.

Ne vous attendez pas, en retour, à des couronnes de lauriers. Payez-vous de la satisfaction d'avoir réalisé un travail propre. On vous gratifiera peut-être de quelques encouragements, c'est l'éventuel petit bonus. Mais vous aurez progressé et c'est tout ce qui compte au fond : s'améliorer, quel que soit le domaine.

NE FAITES PAS ÇA ! La sincérité est un billet 1è classe pour un voyage au pays des casse-bonbons. Dans mon dernier article, en republiant la blague de Chicandier, je me doutais qu'elle produirait son petit effet. J'ai hésité. Mais je me suis conformé à ma règle de sincérité. Cette blague bien grasse m'avait fait spontanément rire, donc elle illustrait mon propos dans sa vérité toute nue.

La blague m'a tueRPour info, ce qui m'a fait rire ce ne sont pas les termes de Bigard mais la mise en scène. C'est la surprise de le voir apparaître pour dire une grosse connerie. Jason Chicandier, que je suis sur Twitter, s'est fait une spécialité de courtes vidéos déjantées réalisées en solo (souvent dans sa voiture). J’ai pensé, un temps, insérer cette explication en aparté mais, ça n’aurait servi à rien (« quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage »).

Si vous désirez être populaire, soyez consensuel. J'aurais tendance à conseiller d'éviter les sujets polémiques mais, aujourd'hui, TOUT est sujet à polémique. Quel que soit le thème abordé il y aura toujours un quidam pour se déclarer choqué et pousser des hauts cris. Si cependant, pour le domaine qui nous concerne, vous souhaitez écrire autre chose que « il est beau ce spot/ trick/ matos/ etc. (rayez la mention inutile) » SOYEZ CONSENSUEL. Veillez à ne vexer personne, mieux, n'hésitez pas à flatter votre lectorat. Dites leurs que vous les aimez, qu'ils sont formidables, tous, y compris les débiles, les chiants, les trolls, les militants énervés, les incultes comme ceux qui disposent d'un petit savoir, vous les verrez alors glousser d'aise en troupeau dans vos mentions, et vous aurez légion de petits cœurs rouges et de likes en récompense. Ils vous resteront fidèles... à moins d'un dérapage... Mais pas de panique, vous en pêcherez d'autres avec les mêmes filets.

Ceci posé, il n'est pas question pour moi de nier l'existence d'un véritable altruisme. C'est assez rare mais cette qualité est bien réelle chez certaines personnes. Je pense à des publications connues de tous dans le milieu du kitesurf, notamment de filles, dont je ne cite pas les noms pour ne pas risquer qu'on m'accuse de récupération. Pour les autres, je dis qu'on a une certaine propension à aimer tout le monde quand on a quelque chose à vendre.

Les malheurs de SophieJ'ai reçu un message privé d'une dame (que j'appellerai Sophie) pour me demander des comptes sur mon fameux article. Au terme de notre bref échange, elle a tenu à me remercier sincèrement pour tout le travail que j'avais produit depuis des années sur WWK et dont, toujours à ses dires, elle avait bien profité. Elle a ajouté qu'il n'était plus possible pour elle de continuer à utiliser les services (gratuits) d'un site qui venait, au travers d'un (seul) article (sur 7 années de bons et loyaux services), de choquer son féminisme militant.
J'ai conseillé à Sophie de porter son choix sur l'excellent site Escale Littorale tenu par Isabelle Saxter. Une femme, donc. Sophie m'a remercié une dernière fois. Quand on peut faire plaisir...

Pour l'anecdote et pour être complet sur cet échange avec Sophie, qui fut au demeurant très urbain et courtois, je lui ai dit que ce qui m'interpelait c'était la position des féministes - dites de gauche - sur la montée de l'islamisme, que je m'étonnais qu'on en fasse des caisses sur des blagues grivoises en convoquant les grands mots mais, en revanche, pas une seule allusion au problème qui pourrait bien, si l'on n'y prend garde, poser un jour un foulard chaste et définitif sur leur désir inextinguible de liberté. Sophie n'a pas jugé opportun de me répondre sur ce point. En revanche elle a bien confirmé l’évidence de ma misogynie. Elle a aussi employé le terme de condescendance. Pour ma part, je veux bien reconnaître que la question était un peu dérangeante... Dont acte.

2. La précision

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Sans le langage on serait encore dans des grottes à dessiner (très mal) sur des parois (très dures) avec le sang des animaux ou celui de nos ennemis. C'est pourquoi il est précieux. Et notre langue française, un véritable chef d'œuvre d'orfèvrerie. Il n'est pas rare qu’il y est, pas un, mais plusieurs mots pour décrire toutes les nuances d’une idée, d’une couleur, d’un sentiment. Un joyau, une mécanique de précision, une arme aussi, redoutable pour qui sait la manier. C'est pourquoi c'est aussi un instrument de pouvoir et de séduction.

Décrire avec précision le sens de votre propos c'est donner au lecteur la possibilité d'emprunter le même chemin que vous. C'est le prendre par l'épaule, comme un ami, lui dire « viens, je t'emmène », lui dire « regarde, vois ce que je vois ». C'est aussi un devoir de politesse. Il vous fait l'honneur de vous lire. En retour, faites-lui la grâce de faire grand cas de ses efforts et de son temps.

Chercher le bon mot, le mot juste, celui qui exprime le plus précisément possible la pensée est un travail nécessaire. Pour le lecteur, on l'a vu, mais aussi pour le rédacteur. Le bon mot à la bonne place vous emplit de joie, de cette joie simple et naïve qui s'invite quand on trouve la solution d'une énigme. C'est aussi un rayon de pure clarté qui vient lécher votre phrase. C'est un bonbon qu'on fait glisser sous le palais et qui infuse la bouche de son parfum. C'est un peu du grand mystère du monde qui s'entrouvre, rien que pour vous, l'espace d'un bref instant. La précision, c'est du bonheur en jambages.

Les phrases portées sur leur support de destination sont de la matière brute. Elles doivent passer au polissage. D'abord les gros grains et ensuite decrescendo jusqu'aux grains les plus fins. Chaque relecture est une passe. Faites autant de passes que votre courage vous le permet. Cette opération ne connaît jamais de fin. Un texte est perfectible à l'infini.

AU DIABLE LA PRÉCISION ! Ne vous relisez pas, ça apporte de la fraîcheur !

Soyons francs : combien prennent le temps de vous lire posément pour combien qui lisent en diagonale ? Allez, disons qu'on vous reconnait un petit talent de plume... sur les quelques centaines de lecteurs potentiels, je dirais au doigt mouillé optimiste que le ratio doit approcher les 1/20. Vous perdez votre temps, c'est tellement évident ! Pour être consensuel et rassembleur, il faut se garder de la précision comme d'une guigne. Plus vous êtes flous, plus vous demeurez inclusif. Le bonheur des âmes simples est à portée de votre main. Pourquoi s'évertuer à les abreuver de vins fins quand elles réclament une joyeuse piquette bien enlevée ? Et surtout, surtout, ce qu’elles veulent par-dessus tout, c’est ne pas être choquées, c'est être respectées.
- « Coco, si tu veux plaire, faut faire du consommable précuit au bon jus de respect ».

Le respect ou la mortRespect : le mot est inscrit au fronton de ce siècle à peine majeur mais déjà chancelant sous le poids d’une incommensurable bêtise. Dans les années 80 Souchon voulait « ...du cuir, des gros seins, des gros culs... » Pour l'heure, remonte du fond des caves de l'histoire où il pourrissait depuis des lustres, ce bon vieux mot de blasphème, pour justifier l'impérative demande de respect dû à la spiritualité mortifère d'un nombre toujours croissant de dégénérés. On carbure donc au respect sauf pour l’essentiel : la science, la culture, le savoir... Porter le croire à la même hauteur que le savoir et l'apprendre, voilà le projet du nouveau progressisme.

- « Oh tu’m’respectes, sale bouffon de flic ! » dira la racaille, qui ne respecte rien. Vous pensiez, a priori, que le respect était réservé au respectable ? Que nenni. Tout est égal. Tout se vaut. Et donc plus rien ne vaut rien. Alors, mon pauvre blogueur, ta précision, ton choix des mots, la quête du sens, toussa, c’est de la merde en barre.

Et si une femme dit une bêtise - ce qui n’arrive jamais, c’est entendu - mais s’il se trouve un idiot (disons un mâle blanc, par exemple) pour le faire remarquer, on dit quoi ? On dit que c’est une attaque sexiste et un manque de respect fait aux femmes. En revanche, dans l'autre sens, ça ne fonctionne jamais. Ce déséquilibre n'est pas bien grave, d'évidence ce monde est construit par les hommes, pour les hommes. Il y a dans nos sociétés occidentales un désir légitime des femmes à accéder à une stricte égalité. Qui s'y oppose aujourd'hui, à par les barbus d'un autre âge et quelques irréductibles imbéciles ? Il reste à faire en matière de lutte mais, toutes les combattantes ne se valent pas comme elles n'ont pas toutes les mêmes aspirations. Hypothèse : se pourrait-il que certaines se complaisent dans la détestation des hommes ? Voilà un pas que je ne conseille à personne de franchir. Trop dangereux.

Mais au fond que veulent-elles, ces gardiennes du respect à l'endroit de leur féminité ? L'interdiction des mauvaises blagues ? Pas du tout. Elles souhaitent l'autocensure. Autrement dit, élever les hommes à un niveau de sensibilité sur la question pour qu'ils prennent conscience du mal qu'ils font. Qu'ils font à certaines, parce que pour d'autres, ça leur fait bouger un ovaire sans toucher l'autre. On peut, à la fois, sourire sur le projet et concéder que la demande est légitime. Ce qui l'est moins, c'est la dramaturgie et l'inversion de l'ordre des priorités. (J'aurais adoré trouver sur le Net l'extrait du Cœur des hommes 2 - scène de la croupière cachée derrière un rideau qui écoute les hommes tenir des propos graveleux. Quelques images valant mieux que mille mots, elles auraient parfaitement illustrées mon propos).

Et tiens, tant qu’on parle de respect. Vous vous souvenez de Sophie, la dame avec qui j’ai échangé en MP. Je lui ai parlé de respect aussi. De celui que je porte à trois personnalités : Zineb El Rhazoui, Zohra Bitan et Fatiha Agag-Boudjahlat. Je serais curieux de savoir combien de ces féministes en carton connaissent une seule de ces femmes qui, au péril de leur vie, luttent quotidiennement pour le droit des femmes et la préservation des valeurs républicaines ?
En les citant, je n'ai nullement l'intention de me racheter des points de féminisme. Mon admiration pour le courage, la culture et l'intelligence de ces trois-là est inversement proportionnelle au peu de cas que je fais des autres hystériques qui poussent des cris d'orfraie pour une blague salace. Si j'avais gagné quelques points, j'en perds à l'instant le double. Le triple ?

Mais je ne vous ai pas dit encore le plus beau : dans bien des cas, ce que vous écrivez n'est pas vu, je veux dire qu'il est occulté par le cerveau de votre lecteur. Ça arrive souvent dans le cas où vous abordez un sujet qui fâche. Au premier mot suspect qui heurte sa sensibilité, son œil se transforme en un laser à trier le bon grain de l'ivraie pour ne retenir... que l'ivraie, et tout retourner contre vous, à charge, même si, on va le voir, il est capable de reprendre vos propres arguments.

Exemple : dans le dernier article, j'ai cité des poncifs et les ai qualifiés comme tels (« une fois enfoncées ces portes ouvertes... »). Je cite en substance : « Les hommes aiment les blagues grasses, les femmes sont soucieuses de leur physique ». À lire les posts très remontés des plus énervées, mon billet ne faisait que relayer des poncifs. C'est tout ce qu'elles en ont retenu. J'ai écrit par deux fois cette phrase : « Pas tous, pas tout le temps mais en général ». Qui l'a vu parmi mes détractrices ? En revanche, j'ai lu les commentaires des mêmes qui disaient :

- « Hé l'autre !!! ben moi c'est même pas vrai, j'm'en fous du physique. Haha le gros boloss !... »

Et entre autres pépites du genre :
- « Dire qu’une femme a une centaine de produits dans sa salle de bain, c’est ça le sexisme. » Moi qui croyais que c’était juste le réel, sans porter de jugement.

La dénégation mène le monde des impuissants - Phèdre Il en va ainsi. On n'y peut rien. Le réel agace et le déni triomphant est son anxiolytique. Mais dites-vous bien que tout ça n'est rien du tout comparé à ce que ça pourrait être si vous étiez médiatisé. Vous voulez être un blogueur heureux ? N'ayez pas trop d'ambition. Contentez-vous de vous amuser un brin en chatouillant les pourfendeurs.euses d’outrages à la doxa du moment. Pendant ce temps, on réfléchit à l'élargissement des trottoirs, les burkinis s’invitent dans les piscines, on reparle de faire des groupes Facebook kitesurf en non-mixité... Bref, on avance à reculons (mais dans l'infini respect de toutes les sensibilités, ce qui est bien l'essentiel. Amen !).

Vivement les spots genrés, ceux pour filles et ceux pour garçons... Comment ça j'oublie les trans ?

3. La liberté

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Écrire sous la contrainte n'est pas écrire, c'est produire du texte pour vendre quelque chose. Sans liberté pas de créativité positive, je parle de celle qui jaillit du cœur sans être mue par l'intérêt. La liberté vous donne une sensation de pouvoir sur votre création. En retour, vous lui devez la sincérité et la précision. La boucle est bouclée.

Être libre c'est aussi être responsable des conditions d'expression de cette liberté. Il ne s'agit pas de choquer ou d'attaquer quiconque à titre gratuit. C'est facile mais c'est lâche. La liberté nous élève si on l'exerce honnêtement. Ce n'est donc pas un blanc-seing pour écrire n'importe quoi sur n'importe quoi ou n'importe qui. Si vous ne vous sentez responsable de rien, seulement dépositaire d'un droit à l'expression et que vous l'utilisez à mauvais dessein, vous ne méritez pas qu'on vous lise. Seul le génie peut vous sauver de cet écueil. Mais on parle de vous et moi, donc on n'est pas concerné.

LA LIBERTÉ N'EXISTE PAS !

« La liberté c'est la longueur de la laisse. » François Cavanna.

La liberté est un concept inatteignable. On est toujours contraint par quelque chose ou quelqu'un. Je ne connais pas d'exception. À moins, peut-être, d'écrire pour soi sans jamais publier. Et encore, même dans la plus secrète des alcôves, je doute que l'on se lâche totalement, de crainte d'être découvert un jour. Ceci vaut pour les gens normaux, ce qui exclut les psychopathes. Nous sommes des êtres de morale. Nous emportons avec nous les fers qui nous contraignent.

La liberté est aussi contrainte par la loi. Celle du code civil avec une intention de départ assez pure : éviter les propos racistes ou diffamatoires. En France, cher pays de notre enfance, en dehors de ce cadre juridique assez précis, les vannes de la libre création étaient largement ouvertes. Elles ont irrigué un champ d'expression où la diversité fut incroyable et fait pousser, sur un même carré, La Croix et Charlie Hebdo en passant par les Nuls de Canal+. Seul le talent faisait figure de mètre étalon. J'écris au passé car c'est déjà en train de changer. La longue complainte des plaintifs de tous bords pèse comme un couvercle de plomb sur la société. Le "Je Suis Choqué" et son corollaire "plaignez-moi" remplace peu à peu notre "Liberté, Égalité, Fraternité", sinon au fronton de nos mairies, au moins dans les têtes.

Inutile de faire plus long, la laisse se raccourcit. La liberté est une idée, une belle idée, mais trop élevée pour certains hommes. Écrivez sur les dauphins.

ça ne sert à rien mais je vais le faire quand même parce que c'est bien plus beau quand c'est inutile

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Avant le kite, j’ai rédigé profusion de billets, d’éditos, de micro-fictions pour un site de ski/ snowboard aujourd’hui fermé : lapoudre.com. J’étais aussi l'un des fondateurs d’un météore nommé bumpriders.com. Je ne pleure pas ces heures de total délire, de la liberté d'alors. Cette époque avait aussi ses défauts, et il restait tant à faire et à découvrir de la vie... Qu’a-t-on à gagner à rester coincé dans le temps ? Il faut avancer. Il est vrai qu’on est toujours surpris, en vieillissant, par l’époque qui vient. Ce qui m’interroge, c’est que jusqu’à présent, les jeunes se distinguaient de leurs aînés par une demande de liberté toujours accrue. Pour la première fois depuis la nuit des temps, il semblerait qu’il y ait une appétence pour l’élévation de nouveaux murs, ceux du nouvel ordre moral. Bien sûr, ce n’est pas présenté comme tel, on parle de protection, de bienveillance et de respect. En tête du dernier article, je citais François Sureau : « Nous cherchons à recréer une forme de civilité par la répression. Il n’y a pas de civilité sans liberté. » Ça reste aussi mon avis.

WhenWherekite est peu monétisé. L’argent qui rentre sert à payer le serveur et des bricoles. Je n’ai pas, au-dessus de ma tête, un chef de rédaction avec au-dessus de sa tête, un patron de publication. Je vais donc continuer à faire ce que j’aime, c’est-à-dire, à être libre, sincère et précis, autant que je peux l’être. Même si, à chaque nouveau point final, je me dis que ça sera le dernier. Et puis vient à passer une idée (« fille de nos caboches »)... J'essaie de parler de ce qui tourne autour du kite, de prendre des angles originaux, de divertir en somme. Je le fais pour proposer autre chose, pour garder le contact avec les mots, pour le plaisir de créer. Ce sont là mes uniques ambitions.

Envie de me rejoindre pour faire vivre ce blog ? Contactez-moi.

Tout ça vaut-il une larme ?J'en ai lu une autre bien bonne, peut-être la meilleure (pour la route), postée par un homme très bienveillant : « Quand une blague peut blesser quelqu'un, ne vaut-il pas mieux s'abstenir ? Est-ce qu'une blague vaut une larme ? ».
On aurait beau essayer de prendre cette tirade au sérieux un instant, on rencontrerait vite un petit souci : elle rendrait mutique toute forme d'expression, tant les déplorateurs sont nombreux et leurs complaintes assourdissantes. Et à suivre ce précepte lacrymal dégoulinant de bonnes intentions, vous jetez au feu tout l'humour, le comique, la caricature... et pourquoi pas le reste de la production humaine ? la littérature (sauf Oui-Oui), la musique, l'architecture... et l'homme avec tant qu'on y est. Quel superbe autodafé ! Imaginez un peu comme la planète serait belle. Ne resterait que le bleu du ciel et des dauphins... et les aventures de Oui-oui ! Mais pas tous les dauphins, les gentils uniquement, hein ! pas ceux qui bouffent des poissons. C'est sensible les poissons. Qui aimerait voir pleurer un poisson ? Franchement !

Mon but n’est pas de choquer (même si je reconnais aimer jouer un peu avec les nerfs des prix de vertu autoproclamés et autres autoplacardés avec un mot en isme). Si tel était le cas, le site serait bourré de publicités et j’enchainerais les billets racoleurs. Cependant, j’ai de vieux ennemis. Je laisse le mot de la fin à mon héros de toujours, Cyrano de Bergerac, qui en parle mieux que moi et dont le génie universel reste mon modèle indépassable.

[Scène de fin - La mort de Cyrano]

« Ah ! je vous reconnais, tous mes vieux ennemis !
Le Mensonge ?
(Il frappe de son épée le vide) :
Tiens, tiens !—Ha ! ha ! les Compromis !
Les Préjugés, les Lâchetés !. . .
(Il frappe) :
Que je pactise ?
Jamais, jamais !—Ah ! te voilà, toi, la Sottise !
— Je sais bien qu’à la fin vous me mettrez à bas ;
N’importe : je me bats ! je me bats ! je me bats !... »

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Thomasdh

03.07.2019 11:53:41

Le seul défaut que je trouve à ce post est le support :

il devrait absolument être imprimé et lu au fond de son canapé plutôt que sur son ordinateur avec un œil pour surveiller d'un œil le regard de son boss (comme moi il y a 5 minutes)

Bravo et... merci pour cette bouffée d’oxygène !

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