Je ne suis pas météorologue ni même passionné de météorologie. Je ne suis qu'un utilisateur très régulier de ce service depuis de nombreuses années. Cet article est destiné aux débutants pour les aider à se familiariser avec l'outil, leur donner quelques clés de décryptage et un brin de méthode.
Premiers pas avec Windguru
Avertissement
Windguru, comment ça marche ?
Au premier abord, c’est vrai que ça pique un peu les yeuxVu que le point d’entrée de Windguru est le spot (donc une localisation très précise), on s’attend logiquement à trouver sur la page correspondante UNE prévision (comme sur Météo France). Patatras ! Le guru affiche une kyrielle de prévisions dans toutes les couleurs de l'arc-en-ciel présentées dans autant de tableaux... contenant des données parfois contradictoires. Alors, lequel dit vrai ?
Quel tableau choisir ?D’abord, pour rappel, ce sont des prévisions. La question doit donc être reformulée en : « lequel de ces tableaux est le plus susceptible de se rapprocher d'une hypothétique réalité ? ». À cette nouvelle question, la réponse emprunte au caractère normand: « ça dépend ! ». Ça dépend notamment à quelle date vous souhaitez vous projeter dans l’avenir.
Les tableaux WindguruChaque tableau correspond à un modèle météorologique. Un modèle est un programme informatique qui, en entrée, ingurgite un nombre considérable de données, pour calculer des prévisions, présentées en sortie. Chaque modèle porte un nom barbare (affiché en tête des tableaux), ex. : GFS, WRF, AROME, ICON, etc.
Il n'y a que la bonne maille qui m'aille !Les modèles sont fondés sur un découpage de l'atmosphère en cubes. Projetés sur une carte, les cubes deviennent des carrés et forment un maillage. La longueur du côté des carrés détermine la taille des mailles (exprimée en kilomètres). En synthèse, chaque modèle météorologique travaille à partir d'une taille de maille donnée qui définit sa précision. En langage savant on parle de résolution du modèle.
Pour faire simpleModèle grosse maille (> 10 km) = grande longueur de côté = grande superficie couverte = vision globale = prévision à long terme.
Modèle maille fine (< 10km) = petite longueur de côté = petite superficie = vision spécifique = prévision à courte durée.
« J’ai compris mais ça n’arrange pas beaucoup mes bidons parce que, d'une part, les modèles à maille fine (donc réputés plus précis) offrent une prévision à 48h au maximum ; et d'autre part, je ne retrouve pas les mêmes prévisions sur les premiers jours des modèles à grosse maille (ça ne correspond pas avec les prévisions à 48h en mailles fines). »
C’est normal, hélas, mais pour autant c’est facile à comprendre : plus on regarde les choses de haut, plus on voit loin en observant les mouvements de masse mais inévitablement on perd les détails de vue ; a contrario, plus on se rapproche du terrain, plus on perçoit les détails mais alors on se prive de la vision globale.
C'est compliqué de faire simpleD’où la question à 1 euro :
« Pourquoi ne dispose-t-on pas un modèle mixte qui multiplierait les paramètres spécifiques en les incluant dans un mouvement plus global de l’atmosphère ? »
Parce qu'on se heurte à une contrainte technique : faire tourner un tel modèle pour produire des prévisions à long terme est en dehors des capacités des ordinateurs existants.
Il me semble que c’était un peu le principe du capteur Wezr (projet aujourd’hui avorté) qui permettait d’intégrer des paramètres locaux en temps réel aux modèles de prévision existants pour tenter de s’approcher, au plus près, de l’évolution des conditions sur un site donné.
Les informations affichées dans les tableaux
Couleurs et direction du ventCouleurs : plus elles tendent vers les couleurs chaudes, plus le vent est prévu puissant. Ex: rougissant (Yahoo ça va souffler !!!), tonalités de pourpre (gros temps voire tempête), noir (restez chez vous et descendez à la cave)...
Direction du vent : ne vous excitez pas avant d’avoir bien vérifié que l’orientation ne vous met pas en danger (rappel : sans sécu, pas de navigation off).
Puissance du vent et des rafalesDeux lignes donnent une indication sur la puissance du vent : une pour le vent moyen, l’autre pour les rafales (donc la puissance maximum prévue). Cette dernière est une indication précieuse qui vous permet de vous faire une idée de la surface d’aile que vous pourrez utiliser (en fonction de la discipline pratiquée, de votre poids et de votre niveau, bien entendu).
La différence entre le vent moyen et la rafale permet de se faire une idée de la qualité du vent. Plus le vent est régulier (donc avec peu d’écart entre vitesse moyenne et rafale) plus la navigation est agréable. À l’inverse, plus il y a d’écart, plus la navigation prend un caractère punchy. En général, sous nos latitudes (et notamment si on parle de Mistral ou de Tramontane pour les p'tits gars du Sud), plus le vent est fort, plus il est rafaleux (donc avec des écarts importants).
Par défaut, Windguru affiche les vitesses de vent en nœuds. Pour convertir (à peu près) en km/h, il faut multiplier la valeur en nœuds par deux (1,852 précisément) :
nœud | km/h |
10 | 19 |
20 | 37 |
30 | 56 |
40 | 74 |
50 | 92 |
Température et couverture nuageuseD’expérience, je trouve les températures affichées (ce sont celles de l’air et non celles de l’eau) et de la couverture nuageuse, peu précises. Pour avoir des infos plus fiables dans ce domaine, j’ai toujours recours à Météo France.
Comment se faire une idée ?
Si c’est pour consommer de suite (envie pressante de kiter dans les 48h à venir) ignorez les modèles grosses mailles et préférez les modèles à mailles fines. Le modèle WRF 9km est mon chouchou. Depuis quelques années, de nouveaux modèles à maille plus fine ont fait leur apparition (ICON 7km et AROME 1,3km). Je les regarde avec attention. Mon ressenti pour le moment est qu’ils semblent un peu pessimistes mais, d’une part, je n’ai pas le recul nécessaire, d’autre part, je me concentre sur un seul secteur géographique : le Sud-Est de la France.
Prévisions à long terme = ascenseur émotionnelSi à l’inverse, vous êtes coincés au bureau du lundi au vendredi et qu’en début de semaine vous portez tous vos espoirs sur le prochain week-end, jetez un œil sur les modèles à grosses mailles (le GFS 13 km est très bien pour ça). MAIS RAPPELEZ-VOUS : ce ne sont que des tendances. Scénario classique : lundi matin vous avez la banane à voir tout ce rouge pour samedi ; mercredi le rouge passe à l’orange ou carrément au vert puis, brusquement, revient au rouge le lendemain et enfin, se déballonne en jaune pisseux. Attention à l’ascenseur émotionnel ! Retenez que la scrutation répétée des tendances à long terme pour le kiteur en manque est une source continue de stress.
Un peu de méthode...Jetez régulièrement un œil rapide sur le GFS des quelques spots qui déterminent le périmètre de vos déplacements pour aller kiter. Si pétole annoncée sur la période, il y a peu de chance que les modèles à maille fine vous annoncent 30 nœuds pour le lendemain. Si, au contraire, les couleurs chaudes remplissent quelques cases, deux solutions :
- prévision pas avant quelques jours : contentez vous de suivre l’évolution sur les GFS (ça peut se casser la gueule dans les jours suivants) ;
- prévision proche : scrutez ce qu’il en est sur le WRF 9 ou des modèles plus fins. Et surtout, recoupez ces informations avec d’autres sites pour vous faire une opinion.
Windguru n’est pas le seul site à consulter, loin s’en faut. J’ai dit que je consultais MF pour les prévisions température et couverture nuageuse mais je regarde aussi ses prévisions de vent, pour confirmation. Et c’est là la clé : comparer avec d’autres sites de prévisions. J’utilise aussi très régulièrement ceux-ci :
Winds-up
Windy
...et parfois, quand j’ai de gros doutes, des sites Internet qui donnent des prévisions très locales (ceux des aéroports proches du spot par exemple).
Fréquence de mise à jour des prévisions
On trouve des informations dissemblables sur le Net à propos des heures d’initialisation des modèles (démarrage des calculs) et celles de la publication des prévisions. Retenez que pour les modèles GFS, WRF et AROME la mise à jour se fait 4 fois par jour, soit toutes les 6 heures (quelques infos ici).
Bonus track
Un petit outil fait maison qui permet de compiler, sur une même page, les prévisions de mes spots préférés et divers liens utiles.
Conclusion
À la suivre quotidiennement et se trouver souvent étonné par ses errements, on pourrait penser que la météorologie n’est pas une science exacte. En réalité elle l'est (parce qu'elle repose sur des résultats chiffrés et des théories non équivoques). Pour autant, les déductions sur les prévisions relèvent plus du doigt mouillé que de l'analyse scientifique. Cependant, à force de comparer prévisions et réel, de voir évoluer ces prévisions, de pratiquer vos spots, il vous viendra une forme de compétence fondée sur le mode empirique.
La connaissance des spots est fondamentale : les locaux savent bien que, selon telle ou telle orientation de vent, malgré la prévision annoncée, le vent ne rentrera pas ou sera très instable. Le relief joue parfois aussi un rôle considérable dans l'équation...
Windguru et tous ses cousins nous apportent une aide salutaire mais c’est toujours le vent qui a le dernier mot. C’est la règle. Restez zen !
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