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Problème: y a le feu au boardbag

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whenwherekite - Le blog

Problème: y a le feu au boardbag

par Carving le 26.08.2019 - temps de lecture estimé: 6mn

L'origine du problème

whenwherekite

L'écologie est la recherche d'un équilibre entre l'activité de l'Homme et l'environnement. Son objet est de protéger ce dernier pour pérenniser un cadre de vie agréable au premier. Notons au passage que l'homme est au centre de l'équation. C'est lui qui a besoin d'une planète habitable et que ce qu'il y fait, en bien ou en mal, n'a de sens que parce qu'il existe et habite la Terre. Parce que rien n'aurait de sens sans l'Homme. Une jolie planète bien proprette à la faune et la flore resplendissantes ne servirait à rien ni à personne s'il n'y avait aucun homme pour en profiter, ne serait-ce que pour l'admirer. Mieux, au sens de la mécanique quantique, elle n'existerait même pas.

Un univers non observable est inconcevableAparté rapide : on peut objecter à cette logique quantique que notre Terre existait bien avant l'homme puisqu'elle a permis son avènement. Il serait donc faux de prétendre que s'il n'y a personne pour observer un univers (donc une de ses planètes incluses) celui-ci ne peut exister... sauf peut-être à considérer qu'une entité intelligente est elle-même en capacité d'observer la Terre depuis les confins de l'univers. Preuve par l'absurde que nous ne sommes pas seuls ? Passionnant et vertigineux !
Si quelqu'un maîtrise le sujet, ce serait très sympa de nous éclairer (conseil de lecture sur la mécanique quantique).

L'homme est au centre mais ça ne veut pas dire qu'il est la seule variable du système. Des forces cosmiques considérables, connues, méconnues ou encore inconnues, pèsent sur la frêle planète bleue depuis sa naissance. L'humanité est l'espèce endémique dominante qui, par son activité, peut provoquer des déséquilibres importants. Il serait cependant déraisonnable et surtout anti-scientifique de nier sans preuve la possibilité que d'autres facteurs soient aussi entrés en jeu.

Nous n'avons aucun moyen d'action sur ce qui nous vient du cosmos, pas plus sur ce qui se trame sous nos pieds (forces tectoniques). Nous sommes donc contraints de nous concentrer sur ce quoi nous avons un pouvoir, en privilégiant la raison et autant que faire ce peut, en essayant d'éviter le déni, l'hystérie ou la schizophrénie. Et c'est là que nous avons un autre problème.

Le problème

 

Dans l'espace public et médiatique d'abord, on a vu des choses étonnantes ces derniers temps. Notons parmi les plus cocasses :

- Le bienheureux Yannick Jadot (EELV) a la tête qui enfle comme un melon bio élevé au compost d'un kibboutz végan (depuis ses 12% aux élections européennes l'impétrant se voit présidentiable). Mais comme il se sent un peu juste dans son camp, il en appelle à l'union des bonnes volontés, de gauche comme de droite, pour se rassembler autour de la question écologique (et accessoirement, autour de sa personne). Cet œcuménisme exemplaire ferait plaisir à voir si ce bon apôtre n'avait pas passé toute sa carrière à clamer que l'écologie était nécessairement de gauche, car anticapitaliste.

- La Bonne-Maire de Paris, Anne Hidalgo, la veille de l'arrivée du Tour de France dans la capitale, prend un avion puis un hélicoptère pour survoler l'avant dernière étape.

- Sainte Greta (ayez pitié de nous) désireuse de montrer le Saint-Exemple, a préféré la divine-marine à l'avion-démon. Las, le beau voyage se solderait, paraît-il, par une empreinte carbone pas très catholique.

- Un peu en marge des problématiques sur le climat mais pas de l'écologie, Emmanuel Macron, dans la même phrase, reconnaît à la corrida son ancrage traditionnel et promet de lutter contre la maltraitance animale.

- Le plus comique, sans nul doute, l'interview sur France Inter de frère Raphaël Gluksmann (à qui l'habit d'abbé irait comme un gant), décrète qu'il faut dès à présent envisager de renoncer aux voyages en avion ou taxer les vols à des hauteurs rédhibitoires. Les interviews à la radio étant maintenant filmées, on a pu s'apercevoir que ce fervent écologiste aux accents vibrants arborait un magnifique teint cuivré. Il descendait tout juste de l'avion qui le ramenait de ses vacances en Grèce.

Postures et gesticulations que tout celà.

Mais il n'y a pas que les politiciens et les néo-prophètes qui sont à moquer, ça serait trop facile. Il y a nous, les gens, et puis au sein de ce vaste ensemble, il y a nous, les kiteurs. Ça a déjà été dit ici, une très grosse part de l'économie du kite est fondée sur les déplacements au long cours (acheminement de matériels ou de matières premières, voyages pour trouver le vent et rider les plus beaux spots de la planète, publicités et marketing offshores, gadgets électroniques qui nécessitent des terres rares, leaders d'opinion et autres placeurs de produits ou de services en constante pérégrination autour du globe...). S'il ne s'agit pas de donner des leçons à quiconque, on voit bien qu'il y a comme un déphasage avec les discours sur l'urgence écologique qu'on peut lire ici ou là sur nos groupes Facebook dédiés au kitesurf.

Ne pas donner de leçons, certes, mais peut-être rappeler un précepte utile et marcher dans les pas de Michel Onfray quand il dit, en substance : comme il n'est pas de vrai philosophe sans vie philosophique, il n'y a pas d'écologiste qui vaille sans réelles décisions appliquées à lui-même en accord avec les préceptes qu'il est censé défendre.

Notre problème, à nous les kiteurs, est cornélien car la passion nous taraude le ventre. À moins d'habiter à côté d'un spot et de s'en contenter, chacun de nous va devoir faire des choix s'il ne veut pas se retrouver dans le déni et participer au grand concert schizophrénique général. À savoir : Le choix d'assumer, le choix de se modérer, ou le choix de renoncer.

- Assumer de mener la vie qu'on a envie de mener avec les moyens dont on dispose.

- Modérer sa pratique (donc ses déplacements et donc son empreinte carbone) pour participer au grand mouvement d'ensemble réclamé (à tort ou à raison) par de plus en plus de voix.

- Renoncer peu ou prou au kitesurf pour coller à ses convictions et mettre en totale harmonie ses pensées, ses dires et ses actes.

Poser le problème aussi crûment peut choquer mais permet de faire appel à la raison raisonnante des individus pour les inviter à penser d'abord, puis se positionner ensuite en termes simples et clairs. Leur offrir l'occasion d'échapper à l'injonction d'une neo-trancendance politicienne ou marketeuse, pour ceux qui en sont capables, ou au contraire, à l'autre bout du spectre, d'y adhérer pleinement s'ils croient avoir trouvé la foi. Le danger avec la foi, c'est que son premier commandement vous somme de cesser de réfléchir.

Nous avons un problème, un problème sérieux. La façon dont chacun des acteurs de notre communauté va se positionner face à lui gage d'être fort passionnante à observer.

Petite mise au point et conclusion

 

Un lecteur averti a émis récemment une remarque intéressante : certains des articles de ce blog seraient en réalité des tribunes sur des sujets de société (euthanasie, écologie, féminisme, etc.) que l'auteur raccrocherait par artifice au kitesurf pour assurer sa publication sur d'autres médias dédiés au kite. Si l'analyse est pertinente, la réalité de l'intention et l'objectif poursuivi ne sont pas ce que sa question sous-entend.

Rappelons d'abord des évidences : ces articles sont rédigés pour WhenWhereKite, puis publiés sur la page Facebook éponyme. Enfin, certains sont republiés sur le Groupe Facebook OLK (c'est là que ça poserait problème).

Principal rédacteur des articles visés par cette remarque, je rappelle que mon projet est de parler du kitesurf différemment, en prenant des angles originaux et inattendus, quand j'en trouve. Je ne conçois pas la communauté à laquelle j'appartiens comme retirée du monde du réel, flottant dans des éthers azuréens en attendant d'éclore spontanément au-dessus des spots, les jours de vent. Nous sommes tous, certes des passionnés de ce sport, mais aussi, des hommes et des femmes installés au sein de la cité. Et je ne crois pas qu'il soit illégitime de relier le drame de la lente agonie d'un Vincent Lambert à ce qui pourrait arriver à chacun de nous après un mauvais réflexe. Pas plus que j'aurais tort de rappeler que notre pratique du kite n'est pas aussi écologique qu'on pourrait le penser a priori. Etc.

Autre élément invoqué à plus juste raison : la crainte de générer de la polémique inutile (et supplémentaire à celles que créent déjà les posts strictement liés au kitesurf). C'est un écueil possible, en effet. Mais d'expérience, ça n'arrive pas si souvent. Bien sûr, quelques personnes ne connaissent que l'invective comme mode d'expression et n'ont que l'injure pour tout argument. Parmi notre petit peuple, ils sont l'exception plutôt que la règle.

Et ce qui précède est particulièrement valable pour le présent article. Il ne s'agit pas de faire passer un message politique telle que l'entame pourrait le laisser supposer. Il s'agit de s'appuyer sur des exemples concrets et publics pour mieux s'interroger sur nos dires et nos actes particuliers. L'objectif visé est de regarder en face nos propres contradictions pour tenter de devenir meilleurs ; Pour ceux que ça intéresse ; Pour ceux qui préfèrent la réflexion et l'introspection au prêt à penser ; Pour ceux qui comptent plus sur les actes que sur les discours ; Pour ceux qui parient sur l'intelligence collective plutôt que sur les jérémiades de quelques personnalités publiques qui cachent souvent des intérêts privés.

La manière dont le petit monde du kite va réagir et se positionner autour de la question écologique est particulièrement intéressante car il est travaillé par la passion. En soi, il figure une sorte de creuset sociologique assez passionnant à observer.

Ma conviction est déjà faite sur le résultat futur de cette « étude ». Et vous, vers quel choix allez-vous tendre (assumer, modérer, renoncer) ?

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