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Le pognon du kite

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whenwherekite - Le blog

Le pognon du kite

par Carving le 06.10.2018

whenwherekite

Ça s’est bagarré pas mal dernièrement sur le groupe Facebook OneLaunchKiteboarding. On s’y écharpait copieusement sur la meilleure façon de dérouler ses lignes : au vent, sous le vent, de travers, par-devant, par-derrière (ndlr position-toujours-préférée-par-les-vrais-connaisseurs-qui-gagnent-quelques-centimètres-ce-qui-est-toujours-ça-de-pris-mais-chut)... les joyeuses polémiques habituelles sur le sexe des anges (et sur leur taille... mais il paraît que ça ne compte pas vraiment, alors comme ça m'arrange, brisons-là). D’aucuns trouvent ces palabres usantes, interminables, pénibles... Pour ma part, j’y vois l’effervescence de la vie. Les arguments élaborés et construits entrent en collision frontale avec les opinions toutes faites des uns, la rage des autres, l’ignorance ou la bêtise crasse d’autres encore. Mais avouez que si l’on était tous d’accord et que l’on s’exprimait de la même façon, nous serions tous plongés dans un ennui insondable et, au final, rien n’adviendrait de vraiment neuf. Nous avons besoin du chaos pour naître, renaître et renaitre encore au monde, jusqu’au hoquet final qui nous emporte vers le silence et l'oubli.

Fleurissent cependant, au milieu de ces bouquets épistolaires, des fleurs maladives prenant la forme d'attaques qui ne cessent de m’étonner par leur récurrence et leur thématique unique : on reproche à Philippe Ancelin la dérive commerciale de son groupe, en particulier, et de ses activités, en général. Traduisez : « tant que tu passes des heures à nous faire de bons tutos, t’es un mec cool. Dès que tu as la prétention de gagner un peu ta vie avec le fruit de ton travail, ta dérive capitaliste devient patente ». L'argument fait rire les honnêtes gens. Mais si, au lieu de fustiger les insoumis-like qui, bien entendu ne vivent eux-mêmes que de kite et de bières fraîches offertes par la FFVL, sont maîtres ès élégances et bons-usages-à-la-cool-avec-les-doigts-qui-font-Yo... si donc, on se posait 5 minutes et qu'on reprenait tout depuis le début ?
Chantons tous en coeur Il y a un bon lustre d’ici, le sieur Ancelin se lançait tête baissée dans l'une des aventures les plus débiles qui soient (et qu’on est par ailleurs un petit nombre à avoir tentée sous des formes diverses) : produire dans un premier temps des trucs gratos pour espérer, dans un second temps, en retirer quelque chose. Cette entreprise était condamnée à l’échec dès l’énoncé du concept. Mais voilà que contre toute attente, le succès est quasi immédiat ! Sa notoriété grandit au fil des ans. Le groupe Facebook éponyme devient le media le plus suivi de la planète kite francophone, et les bouclettes carnacoises organisent à tour de bras des cours de kitesurf all over the world. Nonobstant les inévitables esprits chagrins, on a tous envie de chanter en coeur « Ils ont des chapeaux ronds, vive les... etc. ».

Oui mais voilà ! Pour étaler des strates épaisses de bon beurre frais de Normandie sur ses galettes bretonnes, ce parvenu a la velléité de pérenniser son affaire. Un peu comme si c’était un métier normal, en somme. Pourtant, on sait tous que ce n’est pas un vrai métier. Les profs de kitesurf marchent à la passion. Ils sont corps et âmes dédiés au service du petit peuple des apprentis. Ils n’ont pas de famille, n’auront jamais d’enfant, ni de domicile et ce n’est pas la paire de tongs et le boardshort (souvent offerts d’ailleurs) qui leur coûtent cher. Bref, la dérive commerciale de ces gens dès qu’ils connaissent un peu de réussite est une ignominie écoeurante. Pouah !
Ronaldo vs Ancelin Le succès produit de l'audience, l'audience génère de l'exposition, l'exposition attise la convoitise des marques. Des crèmes solaires, en passant par les lunettes, pour finir (pour le moment) sur des quivers, les fabricants font quelques facilités à celui ou celle qui se trouve dans la lumière. La notoriété crée de la valeur et tout est à l'avenant. Si Ronaldo coule un bronze dans les chiottes d'un restaurant, il y a fort à parier que le patron de l'établissement dispose d'une bonne chance de se faire un billet ou deux en revendant la cuvette aux enchères (même si la cote est en baisse ces derniers temps). Gageons qu'il n'y aurait pas grand monde pour s'en offusquer parce qu'il s'agit d'un footeux. Pour les kiteux, en revanche, un peu de matos, trois tubes de crème et un stick pour les lèvres relèvent déjà de la dérive regrettable.

Qu'on m'évite le procès en naïveté sur le mode : « quand on t'offre quelque chose qui a du prix, tu es forcément redevable, donc partial dans ton analyse dudit cadeau ». Je crois qu'il est utile de rappeler que tout est relatif. Aujourd'hui, je vois mal PA (je me place sur le plan de la logique) dire du bien d'un kite s'il en pense tout le contraire. Je serais aussi surpris d'apprendre que seule Eleveight l'ait approché. Le jour où Duotone lui proposera d'équiper gracieusement les 50 centres d'apprentissage franchisés OLK à travers le monde en échange d'une production hagiographique, on pourra se reposer la question plus sérieusement.
L'injonction de pureté On a une passion française : le romantisme de la pureté. Applicable aux autres uniquement, cette forme d'injonction non-écrite relève autant de la jalousie que de la pensée dogmatique. Dans une époque où l'égalitarisme est le nouvel horizon indépassable, avoir du talent quand on est de basse extraction est assez malvenu aux yeux de ses semblables. Certains arrivent encore à s'en féliciter tant que le détenteur ne moufte pas plus haut que sa condition originelle. Mais s'il a le malheur d'essayer, même en conservant une certaine éthique, de convertir une part de son talent en pièces sonnantes et trébuchantes pour assurer ses vieux jours, il franchit la limite de l'acceptable. Pour les artistes (et les footballeurs), la règle n'est pas la même. La fameuse exception culturelle, sans doute.

Quoi qu'il en soit, l'argent ou les avantages honnêtement gagnés ne sont pas sales. Il est normal de vouloir gagner sa vie, de pérenniser son business, d'avoir de l'ambition. Il est normal qu'on n'ait pas envie de rester toute sa vie un gentil petit prof au coeur pur. Il est normal que les choses évoluent, prennent de l'épaisseur avec le temps, et pour finir, nous échappent. Il est normal qu'on puisse être nostalgique d'une époque où l'on était 30 sur un fil de discussion, à récupérer de précieuses infos tombées du ciel par la grâce du travail gratuit d'un seul individu. Tout cela est normal. Et ce n'est pas normal parce que je le dis ou l'espère, c'est normal parce que c'est ce que nous faisons, nous-mêmes, dans nos vies respectives. Nous tous !

 

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onelaunchkiteboarding

08.10.2018 13:51:47

Et bien ma foi, je ne pourrais mieux défendre mon propre cas. Merci WWK

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