Le Président l'a dit : l'heure est à la société de vigilance. Il faut détecter les signaux faibles. Dans notre milieu de glisseurs super-aquatiques, la probabilité de radicalisation islamique est assez négligeable. Chez les hommes, peu ou pas de risque de voir débouler les barbus énervés. Le kitesurf est synonyme de joie, de partage et de récurrence infinie. La seule éclate qu'envisagent les fous d'Allah est plutôt triste, solitaire et... définitive. Chez les femmes, le port de la burka est à la fois malcommode et dangereux. En synthèse, on est assez tranquille de ce côté-là. Les seuls cas de radicalisation que l'on puisse déplorer dans nos rangs sont bénins : ils se traduisent par plus de kitesurf et encore plus de kitesurf... Pas de quoi fouetter le chat persan d'un Frère Musulman.
En revanche, il y aurait urgence à détecter les fameux signaux faibles émis par les casse-bonbons de toute obédience qui, eux, n'épargnent pas notre communauté, avec leur drôles de comportements sur l'eau comme sur les aires de décollage. Qu'il soit beaucoup pardonné aux débutants, ils sont exclus d'office du champ des recherches. Le kitesurf est un sport avec un ticket d'entrée un peu exigeant. Une fois les bases acquises, la progression peut être rapide et grisante mais, pour s'assoir à la table des plaisirs et voir arriver le chariot des desserts, il faut d'abord se manger quelques paquets de mer en hors-d'œuvre. Et n'oublions pas que le kitesurf se décline en plusieurs disciplines : twintip, surfkite, foil, snowkite, (wingsurf ?). Ce qui revient à dire qu'un rider expérimenté King of the Air peut se retrouver King of Barbotage du jour au lendemain, à avaler de grands bols d'humilité bien salés (ce qui ne fait jamais de mal à personne).
Le propos concerne donc tous les casse-bonbons patentés, parfaitement maîtres de leurs actes et décisions. Par exemple :
- le suiveur : te colle au cul dans ton angle mort même quand tu as pris la peine de partir à chaille pour être tranquille et ne gêner personne ;
- le bulldozer aussi appelé Panzerdivision : te fonce dessus depuis le fond du spot alors qu'il te voit entrer dans l'eau l'aile en l'air, sans dévier son cap d'un millimètre et finit par frôler ton aile (s'il ne te la shoote pas carrément) ;
- le renifleur : même que précédemment mais attend d'être assez près pour pouvoir sentir ton after-shave avant de virer de bord ;
- la brute épaisse : attrape ton aile et tire dessus comme un possédé en faisant valdinguer ta barre alors que tu viens à peine de lui demander de bien vouloir te décoller ;
- l'idiot du village : fait semblant d'ignorer la règle la plus élémentaire de priorité et tire des bords au cordeau, quoi qu'il y ait sur son chemin ;
- le désinvolte : balance sa barre et sa planche après l'atterrissage, comme une rock-star des années 80 à la fin d'un concert lançait sa guitare brisée à un public ébloui. À toi de te démerder avec Ses lignes ;
- l'écervelé : saute sans vérifier au préalable qui va se trouver sous son vent et vient se poser sur tes arpions ;
- le kéké : exploite en seigneur la bande de 2 m x 20 m devant le spot et, immanquablement, fracasse son aile sur le bord, manquant d'assommer trois personnes.
Inutile d'étirer la liste, elle est connue de tous et de toutes. Si certains se repèrent au premier coup d'œil (le kéké ou le bulldozer) les autres sont moins faciles à discerner a priori. Pourtant, il y en a toujours deux ou trois sur un spot pour briser les grelots (ou les ovaires) de tout le monde.
Si vous avez des trucs ou astuces pour les détecter, cette tribune vous est ouverte...
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