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L'écume du kite 2

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whenwherekite - Le blog

L'écume du kite 2

par Kathleen, Hell le 20.05.2020 - temps de lecture estimé: 6mn

Hell June

whenwherekite

« Et si un virus nous obligeait à rester confinés ? »

Ça commence bien non ? Nous sommes le 17 mars. Le Président de la République annonce le début du confinement en ces termes : « Vous pourrez continuer à pratiquer une activité sportive individuelle à proximité de votre domicile ». HOURRA !!! Mon oreille sélective entend : Kite = sport individuel ; à proximité de chez moi = mon spot est dans un rayon de 10km... je suis sauvé ça devrait bien se passer...

J’ose partager mon avis sur un forum connu et là, paf ! je me rends compte que je suis un dangereux criminel qui veut assassiner des grand-mères en leur piquant leur respirateur ! J’argumente que je prends peu de risques à naviguer pépère et que je ne compte pas finir en réanimation en tirant des bords dans 15nds... Que nenni ! la foule bien-pensante m’expliquera deux choses :
1 : le kite est un sport extrême. Donc si je sors, j’ai 99% de risque de me fracasser. Omaha Beach ça vous dit quelque chose ? un spot de kite ça y ressemble en fin de journée ventée.
2 : Et puis les soignants ont mieux à faire que de s’occuper de moi. C’est vrai, il faut qu’ils gagnent le #cocochallenge sur TikTok. Les vidéos ne vont pas se tourner toutes seules... Et puis même si je ne me fracasse pas, la même grand-mère (à qui j’ai volé le respirateur si elle n'a pas choppé le Covid), elle va, elle aussi vouloir faire du kite... et sa sœur aussi... et son beau-frère itou. Donc, ils vont devoir acheter du matos, donc on va rouvrir les shops, et à la fin du compte, tout le monde est dehors et on va tous mourir !

Dernier argument massue : de quel droit osé-je penser à pratiquer un loisir égoïstement quand des gens MEURENT  ? Ah là, oui, je vous l’accorde, on est pas prêts de retourner à l’eau. Parce que moi je veux bien attendre qu’on ait éradiqué le Covid, le cancer, la faim dans le monde, la mort aussi tant qu’on y est... on va rester un petit moment au sec... Bref, c’est un peu résigné que j’accepte mon triste sort.

Premier week-end. Rangement de garage, jardinage, promenade du chien... et puis faut bien montrer qu’on est cool alors, paddle, wing et foil... dans la piscine. C’est ridicule, tout le monde le fait, mais ça m’aura occupé 2h. Ne pas oublier de se faire un peu peur en revoyant « Contagion  », « Virus »«  », « Walking Dead », « Pandémie »... en confinement ça permet de remettre les choses en perspective. On enchaine avec un peu de BFM TV pour être raccord et là, du coup, on a plus du tout envie de sortir, même pour acheter des pâtes et du PQ !

Dimanche 29 Mars. J’oublie de changer d’heure, je me fais chier 1h de plus !... Et puis la vie reprend son cours, je sors 1h par jour, me dis que je vais faire du vélo dans le périmètre de mon kilomètre autorisé, Nein !!! Je me dis que je vais faire du roller, Nein !!! Du Wing Skate sur un parking à 500m de chez moi, Nein !!! et pour peu que je cherche à braver ces interdits on hésitera pas à venir me chercher en Quad, à moto, à cheval, en hélico, m’envoyer des drones, même les chasseurs se sont proposés pour faire respecter le confinement... Là, d’un coup, ça te passe l’envie de la jouer fine ! Las de tout ceci j’aurai pu me rebeller, retourner à l’eau en me disant qu’un budget de 135€ pour le plaisir de me faire une petite session ce n’était finalement pas si cher payé que ça. Je pourrais vous dire que, dégouté par cette situation ubuesque et complètement infantilisante, je me suis fixé mes propres règles de confinement, m’assurant de ne présenter aucun risque sanitaire pour qui que ce soit mais, en pratiquant des activités illégales... Je pourrais mais je ne vous le dirai pas. Certains l’ont fait et ont fini en garde à vue pour s’en être vanté sur les réseaux sociaux !

Voilà, nous sommes maintenant le 14 Mai, comme l’ont dit d’autres avant moi : « déconfiné mais pas libéré ». Cependant, je finirai par une note d’optimisme : les signaux semblent aller dans le bon sens pour la réouverture prochaine de nos spots. Encore un peu de patience ! Et si d’aventure nos spots n’ouvraient pas rapidement comme on dit chez moi : « Si on ne te donne pas le droit, à toi de prendre le gauche ».

Kathleen

whenwherekite

Un virus pas si lointain...
je me présente, Kathleen, je suis professionnelle de la mer, capitaine et professeur de navigation. Je suis également gemmologue (spécialiste en pierres précieuses) amenée à beaucoup voyager, particulièrement au Sri Lanka (pour mon travail de gemmologue). Donc je kite principalement au Sri Lanka car, durant la saison estivale (ma saison en tant que capitaine) j’ai très peu le temps de kiter en Méditerranée.

J’étais tout le mois de janvier au Sri Lanka. Le coronavirus était dans toutes les conversations (les chinois ont énormément investi au Sri Lanka) et le port du masque pour mon retour était carrément une obligation. Arrivée en France, on continuait de parler dans les médias de cette lointaine maladie qui se rapprochait doucement car nos voisins italiens commençaient à en subir les conséquences...Dès mon retour, début février, je me suis auto-confinée 15 jours par prudence afin de protéger mes proches. Puis, les choses se sont accélérées. Des connaissances ont été touchées par la maladie en Italie. Je devais de nouveau me rendre au Sri Lanka pour des raisons professionnelles. Je sentais alors qu’il fallait précipiter mon voyage car je risquais de ne pas pouvoir partir ou revenir.

Soudain, bing ! le confinement est tombé en Italie. Je me suis précipitée pour prendre mes billets. Je suis donc partie fin février avec un retour le 9 mars. Voyage sous haute tension : port du masque (miracle j’en ai trouvé à l’aéroport de Nice), prise de température à l’aéroport de Dubaï complètement désert (très impressionnant voire surréaliste)... Mon séjour se passe bien mais, par prudence, je n’utilise pas la climatisation, je porte le masque lors de mes rendez-vous et m’asperge de gel hydro-alcoolique. Pas de kite car ce n’est pas la période de vent mais surf et snorkeling. Arrive la fin de mon séjour et là, le 8 mars l’état d’urgence est déclaré au Sri Lanka : plusieurs cas de touristes italiens et asiatiques se sont révélés positifs. Grosse panique à colombo ! L’armée est en place à l’aéroport, les contrôles sont drastiques et les populations à risques sont expulsées. L’aéroport est envahi d’asiatiques et de touristes paniqués. Le Sri Lanka décide de fermer ses frontières.

Un retour un peu chaotique sous mon masque ffp2, 8 heures d’escale à Dubaï dans un aéroport désert et chaotique, et enfin, une arrivée en France un peu surnaturelle car ici le pays reste encore insouciant. De nouveau, je décide de me re-auto-confiner 15 jours et voilà que, 6 jours après mon retour, le confinement français est déclaré !

Comment ai-je vécu ce confinement ? Plutôt bien car, m’étant confinée précédemment, on va dire que je m’étais presque habituée. J’ai la chance d’avoir une maison avec un jardin. Je décide de ne sortir que tous les 15 jours (pour aller au supermarché)... Mais voilà, pour les professionnels de la mer, le mois de mars/avril c’est la période à laquelle on redémarre et nous nous retrouvons tous paralysés ! J’habite juste face à la mer. Elle est là, elle me nargue tous les jours. Durant ces 54 jours, pas une once de vent et un soleil extraordinaire donc, l’option kite ne m’a pas tentée. Mais l’appel de la mer est terrible et je regarde mon paddle tous les jours pensant aux 30 mètres qui me séparent de la plage interdite. Bref ça pique un peu, surtout pour quelqu’un comme moi qui est quasiment tous les jours sur l’eau. Avoir tout ce temps libre... alors, je jardine. Mon jardin est devenu mon nouveau royaume. Je range. C’est fou ce que l’on accumule... J’étudie, je médite... L’inquiétude professionnelle commence également à pointer le bout de son nez. Et puis l’inquiétude tout court car de plus en plus de proches sont atteints par la maladie, des jeunes sportifs, donc pas la cible citée dans les médias.

L’inquiétude pour mes proches, ma mère qui coche quasiment toutes les cases des personnes à risques... L’isolement commence à peser car, compte tenus de mes auto-confinement précédents, je commence à sérieusement devenir dingue. Évidemment, il y a les Skypapéros, le téléphone, les réseaux sociaux... j’ai aussi de grandes conversations philosophiques avec mes chiens et mes fleurs...

Je commence à traîner un peu trop sur Facebook, lisant des commentaires ahurissants venant de la communauté kite. Des appels à se rassembler en force pour braver les interdits. Et je commence à m’agacer de la critique constante de la solution miracle de tout un chacun ! Alors oui ! le confinement c’est pénible, frustrant et compliqué, c’est une forme de privation de liberté mais, ce que je lis me révolte et m’indigne. Je décide donc de ne plus traîner sur certains groupes et forums durant un temps et de m’occuper autrement.

Puis advient le déconfinement tant attendu : sommes-nous enfin libres ? Et bien non ! Ma vie professionnelle est devenue très complexe, les règles de navigation changent tous les jours, les distances sur le bateau sont ingérables, le port du masque en plein soleil est insupportable... bref, tout est très compliqué. Vais-je pouvoir retourner au Sri Lanka? je ne sais pas.

Alors on improvise, on s’adapte et on fait avec et surtout on reste positif en se disant qu’on a la chance de ne pas être malade, d’avoir un boulot de rêve, de vivre dans un pays extraordinaire et que, très très vite on trouvera un traitement... que cette période a été extrêmement constructive, qu’elle a permis un retour à l’essentiel, un travail sur soi et une pause pour notre planète. Et qu’effectivement il y aura un avant et un après, et que nous tous, nous pouvons contribuer à rendre cette période constructive et positive. Mais désormais l’incertitude fait partie de notre quotidien à tous.

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